Ah ben animé , oui

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Faut dire qu’y en a qui savent recevoir.

Les chats, chez elle, mènent une jolie danse et on leur sert le thé. Ils attendent assis à table, ou debout ou couchés, nonchalants ou en alerte vive, ça dépend comment ils s’appellent. Toujours est-il que le service est irréprochable, du soir au matin.

Et puis Paris. Paris c’est Paris. Je me suis demandée dans le train du retour, après ces trop courtes 24h dans la ville sur son trente et une pour moi, je me suis demandée comment j’allais pouvoir rentrer dans ma cambrousse. Vivante, je veux dire. Avec envies.

Mais ça a l’air de bien se passer. L’être humain ne se caractérise-t-il pas par une grande capacité d’adaptation ?

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Non, rien ne me fut épargné durant mes 24h, aucun plaisir n’a manqué le rendez-vous.

Au Salon de la Revue dans le beau Marais, rien n’est à côté de la plaque. C’est un grand beau machin, comme une valse, une danse en rond entre les stands. Et c’est un charme de serpent de découvrir toutes ces pages mises les unes avec les autres, dans tous les sens, chacune pour des raisons aussi improbables qu’essentielles. Le tout relié, publié, à ta portée. Par des gens qui ont l’air charmants et qui répondent à tes sourires béats, faut pas m’énerver avec les sourires, c’est du gratis, c’est du gratin, de la soie. Là j’ai eu des sourires dans tous les recoins, des belles gueules, des gens de tous les âges. Des cheveux blancs qui s’envolent au souvenir de leurs premiers manuscrits sans doute et d’autres chauves qui y ont tout laissé. Jusqu’aux jeunes irradiés, qui n’ont peur de pas grand chose et s’acharnent à faire et écrire et lire et dessiner et peindre et créer tout ce qui leur plait comme ça leur plait.

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Oui c’est surement ça qui flotte dans cet Espace des blancs manteaux, cette liberté. Cette chance et ce courage de créer comme et là et où et quand ça nous plait, leur plait, leur dit, leur veut, leur possible, tout. Point et, oui, ça doit être cela qui flotte et fait valser.

D’abord on n’a pas idée, enfin pas moi, que tout cela existe.

Que ces artistes plasticiens correspondent avec un lycée grenoblois, font de l’art postal et incrustent les enveloppes des lycées dans leurs oeuvres. Ah non, ça pas idée. Oui, j’ai leur adresse

ku-u.org

on ira voir.

Voilà le problème, il y a tellement de choix et tu ne peux pas acheter toutes les revues. Il est indispensable d’avoir des cartes de visites à distribuer, à emporter. On réfléchit, on reviendra voir via le net. On peut s’abonner, acheter, participer, plus tard. Le Salon est là pour cela, pour ouvrir les contacts. Maintenant que je tape ce texte chez moi, je le réalise et je m’en veux moins de ne pas avoir ramené cette revue là, cet exemplaire ci, ce bouquin aussi.

Et oui, bien sûr, les Scribulateurs associés sont là. Là aussi le thé est servi. Par un chat ? Rien n’est moins sûr. Va savoir. Les apparences, on ne sait pas. Le chat gentleman, les félines sensuelles et vives, me voilà bien entourée pour déjeuner, hein ?

Ils repartent du restaurant avec un petit badge sur le côté, un souvenir de ma campagne. Je voulais laisser une patte posée.

Je tournicote autour du parapluie de poésies ficelle. Il me dit « Vous m’enverrez les photos ». C’est fait.

rougier-atelier.com

Oui on ira voir aussi. Et tant d’autres.

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Après le repas, le Salon est rempli et je dois partir.

Mais le Salon se remplit ! Les discussions, les retrouvailles s’installent. Il se raconte des aventures d’écrire, de faire écrire, de publier. Il se raconte des histoires entre celui ci et celui là, des souvenirs qui étirent les lèvres et poser des mains sur des épaules qui se penchent un peu et je trouve ça émouvant.

C’est bizarre de trouver la sortie et dans les rues, ensuite, tout m’attire. La pluie on s’en fout, tout le monde s’en tape. De tous les continents on dirait qu’ils ont comploté, à chaque terrasse de café c’est le supplice de Tantale. Dans toutes les langues, alanguis autour des tables ils me trouvent un peu misérable. « Ah bon tu n’as pas le temps de rester ? ».

Ben pas cette fois. Je reviendrai. Me réconcilier dans ces rues, celles où j’ai tant marché, tant aimé, divagué et remué mon plaisir et mes plaies. Ces rues mes aimées.

J’aurai le temps d’un thé citron à la gare de Lyon.

Là aussi la foule est calme et tellement en vie.

24h avant je suis chez ma tante chérie. C’est le premier arrêt en sortant du train. Le plus coûteux. D’émotions d’enfance. Je parle pendant deux heures. Il faut lui raconter les gens qu’elle aime même les morts. Je n’ai pas trouvé de fleuriste sur le chemin. Elle me montre le signet que je lui ai fait l’année dernière et qui est usé. Je lui en promets un autre. « Avec des petites choses écrites dessus »…dit-elle pudiquement. « Pas comme l’autre, le deuxième que tu m’as envoyé, il est bien mais…un peu banal. » Oui il est moins bien, vraiment moins bien.

Au sortir de chez elle, je me demandais comment évacuer les fatigues physiques et mentales qui m’oppressaient gentiment. Genre « On est là ». Je n’avais qu’une envie, celle de me reposer dans le silence

 Et puis Paris. Nation tourne rond et soleil. Et puis là et là, et ce bel endroit et ce rendez-vous et la voilà.

Bientôt un chat regarde la théière qui fume.

Bientôt un chat regardera, puis deux, puis trois.

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