Bruits

J’aime le bruit de la pluie ici. Ou bien j’aime le bruit de la pluie maintenant, c’est tout. Petite j’ai grandi en Normandie, précisément à Rouen, dans le « pot de chambre  » de la Normandie, il n’y avait donc rien à en attendre de cette pluie, juste à se tremper, sans pitié, 300 jours par an. Non, petite et adolescente je ne pouvais pas aimer le bruit de la pluie. C’est un truc de grands.

Je n’arrive pas à me souvenir clairement du bruit de la pluie thaïlandaise. Je ne me souviens plus des rizières proches de la maison, inondées, ruisselantes. Je me souviens de la pluie à Bangkok qui n’est pas une pluie connue. Qui est autre chose. Des seaux, des hordes, des hallebardes, des rideaux durs, contre lesquels on ne peut rien, puisque tout le monde se trempe jusqu’à ce que les vêtements se collent à la peau. C’est une pluie qui ne demande pas permission, aucune autorisation de rien, elle est chez elle, frappe et change tout, elle règne, immense, théâtrale. Etre trempé, gorgé de ciel, n’est pas négociable. Tu prends, tu ris, tu cours, tu sautes les ruisseaux des villes immergées, tu fais.

Ici la pluie est souvent délicate. Parfois un peu sévère mais si peu en comparaison. Enfant je ne savais jamais quand il allait pleuvoir et tous on arrivait au collège ou au lycée froids et humides. Une plaie. La pluie normande est triste quand on est gosse. Aujourd’hui je ne sais pas comment je la trouverais. J’aime chez moi ouvrir les fenêtres et l’entendre sur les feuilles des arbres, cette musique m’apaise et fait entrer des rêves, m’offre des évasions inconscientes. Je m’en réjouis.

Je ne sais comment me situer en ce moment. J’aime ma maison, j’adore son environnement. Je perds l’idée d’en partir. Je perds toute idée car je n’ai plus envie de décider de rien. Mais se couler dans un grand bain chaud plein de mousse quand on a eu froid ne suffit pas à changer la vie, à aller vers de nouvelles aventures dont on a besoin, il faut bien se l’avouer.

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