Lexique vital

Me revient ce matin en sortant de la douche, des expressions lao-thaï qui sont les piliers d’une vie sous leurs cocotiers. Il faudra que je refouille dans ma mémoire mais à vue de nez, deux essentiels :

Tamada. = normal, plate, rien à signaler, commun, banal, service minimum.

Ainsi le bus « tamada » est celui sans climatisation, sans hôtesse pour te servir un bol de lychees, sans suspensions, sans freins, et avec chauffeur doublement shooté aux ectasy et autres amphèt. Ils le sont tous mais ceux là, pas tamada du tout, super power. Planquez vos fesses.

Maï pen raï ( thaï), Bo pengnyang ( lao) = Pas de problème. Tout baigne, c’est pas grave, on laisse tomber, on s’en fout, tout va bien, mais non tu ne me marches pas sur les pieds, ça ne compte pas, on va pas en faire une affaire, lâches le tout -tu verras ça calme.

Employé sans cesse surtout quand c’est la m……et que tu es prêt à t’arracher les cheveux et les yeux de celui d’en face. Non. Maï pen raï. A quoi bon s’énerver ? A rien. Là bas ,surtout, à rien, rien d’autre que de te ridiculiser. Déjà que tu as la réputation d’être sale avec tes poils et ta sueur qui les dégoûtent. Déjà que tu sembles bien nerveux et que tu as l’air de vouloir changer le monde, remuer de la poussière. Tu sors d’où ? D’une planète où l’on croit à sa petite existence verte et bleue qui compte, fait profit et veut marquer ses lignes de front ? Non. Bo pengnyang, rien ne compte petit vermiceau, observe plutôt ce buffle qui descend les marches du temple et se baigne avec une délicatesse extrême dans le gris Mékong. Ne pas bouger. Déshabiller ta vanité petite asperge totalement dépassée. T’assoir, pas bouger. Sentir le tsunami dans tes bretelles mentales. Abandonner. Couler clairement avec le buffle devant la statue d’un immense Boudha de pierres blanches, qui maï pen raï, je te le disais.

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1993. Paysanne khmère, photo de photo d’une collègue.

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3 réflexions sur “Lexique vital

C'est ici qu'on cause...